samedi, juillet 6

« Face à l’extrême droite, pas de neutralité ». Le titre de la lettre ouverte postée lundi 1er juillet en début d’après-midi sur le réseau social X par la quasi-totalité de la rédaction de 20 Minutes ne souffre pas d’ambiguïté. Un collectif de 64 journalistes (sur environ 70 cartes de presse), soutenu par les syndicats SNME-CFDT et SNJ-CGT, a décidé de prendre la parole publiquement pour demander un « engagement clair » de leur média contre l’extrême droite alors que le Rassemblement national (RN) est sorti largement en tête du premier tour des élections législatives anticipées dimanche 30 juin.

« La neutralité ne doit pas servir à banaliser ou minimiser le danger que représente l’extrême droite », écrit le collectif jugeant que « le RN n’est pas un parti comme les autres », car celui-ci « promeut des idées fascistes, xénophobes, racistes, sexistes, Igbtiphobes et antiprogressistes ». « En ces temps graves, nous déplorons la frilosité de la direction qui n’est pas à la hauteur des enjeux », pointe encore la lettre qui a vu le jour en l’espace de quelques heures vendredi 28 juin.

La grogne trouve son origine dans une déclaration de la rédaction en chef qui avait appelé, jeudi 27 juin, à traiter le RN « sans jamais se départir du principe de neutralité politique » s’appuyant sur la charte du journal. « On nous a fait comprendre qu’en termes d’engagement par rapport à la situation politique, on ne pourrait pas aller jusqu’à la une post-21 avril 2002 » précise une journaliste qui souhaite rester anonyme. À l’époque, vendredi 3 mai 2002, juste avant le second tour opposant Jean-Marie Le Pen et Jacques Chirac, 20 Minutes avait titré « Faites pas les cons ».

Demande de neutralité

« Cette consigne de neutralité nous dérange car on ne peut se résoudre à ce lent glissement vers une normalisation du RN », explique Hakima Bounemoura, élue au Comité social et économique (CSE) et déléguée syndicale CFDT. « On nous sert une neutralité à toutes les sauces qui ne peut s’entendre à l’aune de la gravité de la situation », s’agace même Gilles Durand, son collègue, aussi élu au CSE, et délégué syndical SNJ-CGT.

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Plusieurs journalistes suspectent que, derrière cette demande de neutralité, se cachent les actionnaires du média, l’éditeur de presse belge Rossel et le groupe français SIPA/Ouest-France. Au sein du quotidien régional Ouest-France, la direction du titre avait déjà dû se défendre, jeudi 27 juin, face à des reproches d’une partie de la rédaction sur son manque d’engagement. L’intersyndicale avait dénoncé des éditoriaux qui « minimis[ai]ent la menace du Rassemblement national en la comparant à celle que pourrait constituer le Nouveau Front populaire ».

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