“121 morts.” En une du quotidien carioca Extra, le titre est laconique et s’accompagne de la photographie d’une “scène choquante”, prise mercredi 29 octobre sur une place du Complexo da Penha. La veille, l’opération mobilisant 2 500 policiers dans cette favela du nord de Rio de Janeiro, et dans celle voisine du Complexo do Alemão, est devenue “la plus meurtrière dans l’histoire de l’État de Rio de Janeiro”, déplore le journal. Selon Extra, 121 morts, dont “quatre policiers et 117 suspects”, ont pour l’instant été confirmés.
État de Rio de Janeiro, Brésil.. COURRIER INTERNATIONAL
Comme d’autres médias brésiliens, le quotidien carioca raconte le désespoir de nombreux habitants des quartiers populaires de la ville. Ces derniers sont pris entre deux feux, celui des services de sécurité commandés par le gouverneur bolsonariste de l’État, Cláudio Castro, et celui du Comando Vermelho (“commando rouge”), gang le plus puissant de Rio de Janeiro.
“Vu d’en haut, le spectacle des corps alignés en face d’une crèche sur la place São Lucas, dans le Complexo da Penha, est impressionnante”, observe Extra dans un article rassemblant de nombreux témoignages, recueillis sous couvert d’anonymat.
“Mais en s’approchant tout près, l’image devient encore plus saisissante, complétée par les expressions sur les visages et les lamentations des parents et amis des défunts, eux aussi victimes d’une guerre qui semble sans fin.”
“Comment peut-on détruire autant de familles ?”
Le journal, qui appartient au groupe Globo, raconte qu’une femme s’est évanouie après avoir reconnu son gendre parmi les morts, et a dû être secourue par des proches et des voisins. “Elle est en état de choc, c’est très dur pour elle”, a expliqué sa sœur. “Personne ne mérite de vivre ça.”
Extra cite une autre femme s’agenouillant près du corps de son fils : “Comment peut-on détruire autant de familles, autant de vies ? Et s’en tirer comme ça ?” Plus loin, un grand-père pleure la mort de son petit-fils : “Au sein de la communauté, on finit tous perdants à cause de ça [il montre la file de corps]. On perd son enfant deux fois : une fois quand il ne peut plus vous écouter [et qu’il se tourne vers la criminalité] et une autre fois quand il meurt.”
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